Les enfants gâtés
Il me semble important de revenir sur les modes de présence du Christ aujourd’hui parmi nous. En effet je suis toujours étonné – c’est le moins que l’on puisse dire – de constater que lorsqu’une messe est célébrée le samedi soir dans un village de notre paroisse les chrétiens qui habitent ce village sont absents pour la plupart. Quand le prêtre vient célébrer la messe, le Christ est vraiment présent sous trois formes. Premièrement, il est présent dans sa Parole qui est proclamé au début de la messe tout particulièrement pendant l’Évangile (« acclamons la parole de Dieu » dit le prêtre, ce à quoi nous répondons : « louange à toi, Seigneur Jésus » ; puis au moment où le prêtre consacre le pain et le vin qui deviennent véritablement son Corps et son Sang. Deuxièmement Il est présent en la personne du prêtre : « Le prêtre est appelé alter Christus, un autre Christ. Sa pauvre humanité, en effet, élevée par la puissance de l'Esprit-Saint à une union nouvelle et plus haute avec la personne de Jésus, est désormais le lieu de la rencontre avec le Fils de Dieu incarné, mort et ressuscité pour nous. Quand un prêtre enseigne la foi de l'Eglise, c'est le Christ, en lui, qui parle au peuple ; quand il guide avec prudence les fidèles qui lui sont confiés, c'est le Christ qui paît ses brebis ; quand il célèbre les sacrements et, de manière éminente, la très Eucharistie, c'est le Christ lui-même qui, à travers ses ministres, réalise le salut de l'homme et se rend réellement présent dans le monde. » (Cardinal Piacenza, préfet de la Congrégation pour le clergé, le 1er janvier 2013.) Il est enfin présent dans les frères rassemblés : « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux » Mt 18,20. Ces modes de présence du Christ sont-ils moins forts et moins réels que lorsque le Christ était présent sur cette terre il y a plus de 2000 ans ? Certainement pas. On ne le voit pas avec nos yeux mais IL EST LÀ tout aussi présent. Il nous l’avait promis : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,20). Alors que se passe-t-il pour que les chrétiens d’un village ne mettent pas tout en œuvre ce jour-là pour venir accueillir leur Seigneur ? Posons-nous la question si nous nous disons chrétiens, c’est-à-dire si nous reconnaissons que le Christ est Notre Vie. Ne privilégions-nous pas la connaissance par la vue et le toucher : ‘Ah s’Il était là et que je pouvais Le voir, alors je serai là tout de suite et à chaque messe’ ? Attention, souvenons-nous de cette parole de Jésus lui-même à Thomas « Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ! » (Jn 20,29). Ainsi donc il est pour le moins paradoxal de ne pas accueillir le Christ dans son village quand il passe. Cela ne révèlerait-il pas un manque de foi grave en sa Présence telle que Lui l’a voulue ? Et puis, pensons à ces populations entières qui sont en attente de Sa Présence. Ne nous comportons-nous pas comme des enfants gâtés ? Enfin qui ne ferait pas tout pour accueillir son meilleur ami chez lui quand il vient frapper à la porte ? « Ainsi parle celui qui est l’Amen, le témoin fidèle et vrai, le principe de la création de Dieu.. (le Christ) Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix (la cloche de nos églises) et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » Ap 3,14.20.
Chanoine Dominique Aubert
