La joie dans le lavement des pieds
Je crois qu’il faut le comprendre l’appel à la joie qui teinte toute la liturgie de ce Dimanche de Gaudete est comme un appel à ne pas se laisser emporter par la morosité de ce monde. Le chrétien est un contestataire de la tristesse du monde. Parce qu’il sait où il a mis sa foi, il sait où il a mis sa joie. Mais attention ! Il y a les joies véritables et il y a les joies vaines, à plumes et à paillettes. Celles qui s’affichent un peu partout autour de nous en ce temps préparatoire à Noël. Et au chapitre des vanités que l’on passe sa vie à poursuivre, il y aurait des pages entières à écrire. Il s’agit de nous rappeler que toutes ces petites joies, laissées à elles-mêmes, ont des vues trop courtes. Il ne s’agit pas de fuir tous les petits plaisirs de la vie, mais de les remettre à leur juste place. Sinon, ils risquent bien de laisser notre âme aussi vide que notre porte-monnaie. C’est que le mot joie, comme celui d’amour, cache souvent des interprétations bien différentes qui sont source de désillusions. Au fond, il s’agit de ne pas confondre joie et jouissance, amour et possession. Il s’agit même d’une conversion : de ne pas se servir des autres, mais de les servir. Il ne s’agit pas que tout le monde soit à nos pieds, mais il s’agit de laver les pieds. La joie est dans le lavement des pieds. La véritable joie n’est pas le fruit de la possession, mais le fruit du don de soi. Elle vient de l’amour donné et reçu. Quand on sert au lieu de se faire servir, quand on donne et se donne, quand on veut le bonheur de l’autre, quand on prend sur soi de souffrir un peu pour qu’il ne souffre pas, alors oui, on aime, et on est joyeux. Et l’on suscite la joie autour de soi. Réjouissons-nous, car le Seigneur vient nous apprendre cela. Il vient transformer notre cœur, il vient nous sauver, nous montrer où se trouve la joie profonde, le vrai bonheur. La joie est plus que le plaisir, parce qu’elle touche notre esprit. Elle prend tout notre être. « Être capable de trouver sa joie dans le bonheur de l’autre, voilà le secret du bonheur » disait Georges Bernanos.
Chanoine Dominique Aubert